Les études en ligne, une alternative efficace?

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1 million d’inscriptions prévues en 2015 pour les MOOCS (Massive Online Open Courses) de l’EPFL. Que s’est-il passé dans le monde du e-learning pour que de grandes universités puissent afficher de tels chiffres ? Qu’en est-il des autres formations à distance ? Voici autant de questions auxquelles nous avons tenté de répondre à la table ronde que j’animais en avril 2015 au salon du livre de Genève. Nous avions invité des spécialistes dans le domaine de l’apprentissage comme Gaëlle Molinari, professeure associée filière Unidistancede psychologie ; Margot Baehler, étudiante en sciences des technologies et de l’apprentissage à l’université de Genève ; Patrick Jermann, responsable de la production des MOOCS à l’EPFL, Mireille Bétrancourt, directrice de l’unité de recherche TECFA, Université de Genève, et professeure dans le domaine des technologies de l’éducation.

Pour commencer le débat, nous avions tenté une cartographie des formations en ligne existantes. Qu’est-ce qu’un MOOC et en quoi il se différencie d’une formation en ligne offerte par Unidistance ? Un MOOC est en général un cours en ligne gratuit de quelques semaines qui permet d’obtenir un certificat (et non un diplôme) d’une université prestigieuse. «Sauf exception, il faut être dans les top 100 pour être publié par Coursera[1]» précisait Mireille Bétrancourt. Il est souvent un mélange de capsules vidéos, transparents et d’exercices, QCM à résoudre régulièrement. Suivre un cours avec Unidistance équivaut par contre à suivre des cours universitaire dans le but de décrocher un bachelor ou un master. L’horizon temporel est différent. Les cours en ligne de type Unidistance sont payants, et sont un mélange d’activités à faire en ligne et de cours présentiels. « Pour le Bachelor en psychologieoù j’enseigne, il faut planifier 25 heures de travail par semaine. Nous avons choisi un rythme où nous avons une journée en présentiel toutes les 3 semaines. ». Les étudiants trouvent en ligne les documents dont ils ont besoin pour travailler seul à la maison, ou où bon leur semble. Mireille Bétrancourt indique aussi un autre outil intéressant, à savoir le WIKI, qu’elle utilise dans le cadre de formations universitaires hybrides, comme le Master MALTTen technologies de formation. Il permet aux étudiants de co-rédiger un article en ligne sur un sujet déterminé. Il contient également un journal gardant la trace de qui a modifié quoi dans l’article. MOOCs et formation de type Unidistance sont donc des formations complémentaires qui s’adressent à des besoins différents. A noter, qu’à côté de ces cours universitaires, les formations en ligne se multiplient que ce soit pour des écoliers ou pour nos loisirs. « On trouve de tout. Un membre de notre équipe a par exemple suivi un cours sur l’histoire du rock. » indique avec le sourire Patrick Jermann.

Nos participants étaient d’accord, aujourd’hui, la formation en ligne, ça roule. Techniquement, les outils sont là. Les méthodes pédagogiques ont été adaptées et fonctionnent pour le format en ligne. Margot Baehler est catégorique « L’enseignement en ligne, c’est plus efficace. On se plonge plus dans la matière, on la pratique plus que quand on assiste tout simplement à un cours ». Le cours magistral n’est pas à bannir. Il s’agit juste de trouver un savant mélange entre les différents outils et contextes d’apprentissage. Patrick Jermann parle de classe inversée. Le contenu est mis à disposition et doit être consulté par les étudiants avant le cours. Les cours sont des moments de collaboration et de pratique. « Cela pose de grands défis pédagogiques pour les professeurs qui doivent s’adapter ». Des recettes performantes semblent cependant dorénavant exister. Cela fait depuis de nombreuses années que les chercheurs et experts en apprentissage à distance y travaillent. Par exemple, la Open Universityoffrait déjà ses premiers cours à distance en 1971. Les anglais se rappellent souvent des cours de la Open University qu’ils pouvaient suivre en regardant les programmes de la BBC à la TV aux petites heures. Les MOOCS ne sont donc pas le fruit d’une révolution mais plutôt d’une évolution. Ils interpellent et connaissent ce succès car ils rappellent cet idéal de l’enseignement de haute qualité gratuit pour tous.

Qu’en est-il de cet idéal ? Pour reprendre l’exemple de l’Open University, cette dernière avait une vocation sociale. Pour y rentrer, pas besoin de diplôme. Il s’agissait de donner une chance d’accéder à des études de niveau supérieur à des personnes avec peu de moyens, un handicap, ou des personnes qui n’avaient pas pu suivre un cursus scolaire classique. Cet idéal semble toujours être porté par les formations en ligne, mais les résultats pas encore atteints. Le grand point faible à améliorer est le taux d’abandon encore important qui peut s’élever à 90% pour les MOOCS. « Quand on se retrouve seul avec cette immense liste de tâches à faire, c’est dur » ajoute Margot. Patrick complète « Une solution future pourrait être de morceler plus les formations pour répartir l’effort ».

Les formations à distances ont définitivement passé un cap en terme de maturité. Le succès de MOOCS en témoigne. Même si des adaptations doivent encore émerger au niveau de l’offre, ne doivent-elle pas également émerger au niveau de la demande ? A quoi mesurer le niveau de savoir et de compétence d’une personne ? Aux nombres de MOOCS qu’elle aura suivi, de Bachelors ou Masters qu’elle aura accumulé ou des ses années d’expériences ? Voilà d’autres transformations culturelles et profondes qui se profilent à l’horizon.

[1]Il y a deux plateformes technologiques principales qui proposent des MOOCS : edX www.edx.orget coursera www.coursera.org

 

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